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Cancer avancé du testicule : premier progrès

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Cancer avancé du testicule : premier progrès

Samedi 22 Octobre 2016 - Paris Match - Actus

Source : http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Cancer-avance-du-testicule-premier-progres-1098347

Le Pr Karim Fizazi*  explique l'action d'un nouveau traitement pour les formes graves.

Paris Match. Quelle est en France la fréquence du cancer du testicule?
Pr Karim Fizazi. On recense environ 2 000 nouveaux cas par an. Ces tumeurs touchent essentiellement des adultes jeunes, entre 18 et 40 ans.

Quels sont les premiers symptômes?
Le patient peut voir apparaître une masse au niveau du testicule, la plupart du temps indolore (ce qui explique qu'elle puisse se développer de façon inaperçue), ou bien éprouver des douleurs dans la région lombaire qui sont dues à des métastases dans les ganglions lymphatiques.

Y a-t-il différents stades de ce cancer?
Globalement, il en existe deux: le cancer localisé et le cancer métastatique. En France, la moitié des cancers du testicule sont découverts à un stade précoce, c'est-à-dir localisés. Ceux qui ont métastasé o envahi d'autres organes, le plus souvent les ganglions de l'abdomen ou les poumons et, dans les cas les plus graves, le cerveau, le foie et les os. Les tumeurs métastasées sont classées en trois catégories : de bon pronostic, de stade intermédiaire ou de mauvais pronostic. Les cancers de bon pronostic sont les plus fréquents.

Aujourd'hui, quels sont les traitements standards selon les stades?
1. Pour les cancers localisés, le traitement est d'abord chirurgical : on pratique l'ablation du testicule, complétée, si besoin, par une chimiothérapie. Ce traitement permet d'obtenir des guérisons proches de 100%. 2. Les cancers métastasés sont essentiellement traités par chimiothérapie. Le protocole standard, dit BEP, associe trois médicaments délivrés par perfusion intraveineuse (bléomycine, étoposide et cisplatine). S'il reste une masse métastatique résiduelle après la chimiothérapie, elle est enlevée chirurgicalement. Avant les années 1980, sans ce protocole, bien des hommes jeunes ne pouvaient être guéris...

Quels sont les résultats pour les cancers métastasés?
Pour les tumeurs de bon pronostic, on obtient au moins 95% de guérisons. Pour celles de stade intermédiaire, 80%. Pour les cancers de mauvais pronostic, seulement 50%

C'est donc pour ces tumeurs de mauvais pronostic que vous avez mis au point à l'Institut Gustave-Roussy un nouveau traitement. Quel en est le protocole?
Il s'agit d'une thérapie sur mesure. Au lieu de traiter tous les patients avec quatre cycles successifs de chimiothérapie durant quelques mois selon le protocole BEP, on leur administre un premier cycle avec une semaine de perfusion quotidienne. Trois semaines plus tard, on évalue l'efficacité du traitement en mesurant la diminution des marqueurs tumoraux (substances sanguines produites par les cellules cancéreuses). Si elle est rapide, on continue à administrer le protocole clas- ; si elle est insuffisante, on intensila chimiothérapie en ajoutant trois produits supplémentaires (paclitaxel, ifosfamide, oxaliplatine), soit un total de six médicaments au lieu de trois. Ce nouveau traitement, d'une durée de trois mois, eut, si nécessaire, être complété par chirurgie.

Quelle étude a démontré l'efficacité de ce nouveau protocole?
Il s'agit d'une étude comparative internationale (GETUG 13) conduite en collaboration entre la France, les Etats-Unis et la Slovaquie sur 263 patients âgés en moyenne de 28 ans, atteints d'un cancer du testicule métastatique de mauvais pronostic et jamais traité. Un groupe a reçu notre nouveau protocole, l'autre la chimiothérapie standard BEP.

Les patients qui bénéficiaient d'une diminution rapide de leurs marqueurs sanguins ont guéri dans 80% des cas. Ceux dont la baisse était insuffisante ont été guéris dans plus de 70% des cas avec notre nouveau traitement.
En résumé, pour l'ensemble des cancers de mauvais pronostic, on est passé aujourd'hui de 50% à plus de 70% de guérisons. Cette étude a aussi démontré que, sur le long terme, les effets secondaires de notre chimiothérapie s'amenuisent et ne laissent pas de séquelles chez la majorité des patients. C'est la première fois depuis vingt-cinq ans que l'on parvient à améliorer le taux de guérison chez des malades atteints d'une forme grave!

* Chef du département de médecine oncologique à l'Institut Gustave-Roussy (94). Une association pour les patients atteints de cancers masculins: http://cerhom.fr.

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